Lors de la réactualisassion des statuts en 1938, on peut lire dans l’article premier qui explique le but de l’Association : « fournir un hébergement provisoire à toute personnes et famille sans distinction aucune de nationalité ou de religion, sous la seule réserve que leur situation matérielle ou morale le nécessite ».
Ouvert à tous, l’Asile, prend une autre dimension, en un mot il devient universel. C’est le cas aujourd’hui encore. L’écoute, l’accueil, la générosité ne se divisent pas.
Pendant l’occupation, en 1940-1944, les Asiles et la crèche de Montmartre restent ouverts mais avec les plus grandes difficultés quotidiennes. Face aux déportations des juifs, menées par les Allemands et l’Etat français de Pétain, ils recueillent les enfants dont les parents sont traqués et emmenés brutalement. La plupart ne reviendront pas des camps de la mort. S’ensuit l’offensive des Alliés et les bombardements massifs : celui du 20 avril 1944 laisse notamment la crèche à l’état de ruine.
Les 79 enfants pourtant cachés ont pu être transférés dans un immeuble de l’avenue Secrétan, mais le 21 juillet 1944, ils sont arrêtés par la Gestapo, puis déportés à Auschwitz. Issue fatale, insupportable : 71 d’entre eux y seront assassinés.
« J’ai mis longtemps à le comprendre : tout est toujours à recommencer ! », dit encore Marcel Bleustein-Blanchet, infatigable artisan de la générosité.
Sans se laisser du temps, les membres du Conseil d’Administration qui ont échappé par miracle à l’assassinat de presque tout un peuple et leurs descendants prennent la reconstruction et la remise en état de l’Association à bras le corps ; les locaux de la crèche sont reconstruits et rouvriront en 1948.
Après le retour des survivants des camps, qu’il faut aider, il y aura les arrivants de Hongrie après l’intervention soviétique de 1956, puis d’Egypte, suite à l’expédition franco-britannique avortée contre Nasser, puis d’Algérie une fois l’indépendance déclarée en 1962… Le cortège des exclus semble interminable.
Pour répondre aux demandes de plus en plus massives, seule solution, toujours se renouveler, se ressourcer et inventer.
Entre 1972 et 1980, l’Œuvre fait sa révolution, abandonne la conception de la philanthropie « à l’ancienne » et se modernise pour accompagner le changement radical du mode de vie des citoyens : fini le temps des dortoirs de l’Asile de nuit, les grands travaux de rénovation les réaménagent en chambres et appartements pour accueillir dans une plus grande intimité des célibataires et des familles entières, ainsi que des familles monoparentales pour répondre aux nouveaux critères de l’époque.
C’est l’occasion de changer de nom, bienvenue au « Centre Israélite de Montmartre » (1976).
Quant à la crèche de la rue Lamarck, victime de son succès, elle fait des petits ! Elle s’agrandit en achetant le 14 rue Lamarck en 1979. Puis, la crèche Marcel Bleustein-Blanchet voit le jour en 1992 au 20 rue du chevalier de la Barre, suivie en 2003, du Jardin maternel au 34 de la rue Lamarck. Tous ces lieux sont situés à proximité de la Crèche Israélite de Paris.
L’esprit des quarante y est toujours présent. Le dévouement, le partage et la générosité font toujours bon ménage.